De la vigne au verre de vin aider chaque acteur a s'adapter aux effets du changement climatique

LACCAVE

De la vigne au verre de vin : aider chaque acteur à s’adapter aux effets du changement climatique

L’augmentation des températures et la raréfaction des ressources en eau vont modifier le fonctionnement de la vigne et la composition des raisins, ce qui aura des effets sur chaque étape de fabrication et sur l’élaboration de l’équilibre du nectar final. Alors comment préparer toute une filière, du producteur au consommateur, aux conséquences du réchauffement climatique ? Le projet LACCAVE répond, par une approche pluridisciplinaire de la notion d’adaptation.

OBJECTIFS

Comme toute production agricole, la viticulture se prépare à un climat plus chaud, plus sec, ainsi qu’aux conséquences que cela aura sur la vie de la vigne. Mais elle ne sera pas la seule impactée. La vinification et les vins vont aussi changer, puisque sous un climat différent, la composition des raisins se modifie. De nouveaux équilibres aromatiques devront donc être trouvés par les œnologues pour élaborer les vins de 2050. Afin d’aider tous ces acteurs à se préparer au climat de demain, le projet LACCAVE, « Adaptation à long terme au changement climatique pour la viticulture et l’œnologie », a réuni les savoirs, diffusé les connaissances et anticipé quatre scénarios pour les régions viticoles de France.

Une communauté réunie autour de l’adaptation

De la vigne au verre de vin aider chaque acteur a s'adapter aux effets du changement climatique
© © Inra

« Les impacts étaient déjà étudiés séparément, le métaprogramme ACCAF a créé une opportunité pour collaborer sur les aspects environnementaux, sociaux et économiques de la filière vigne et vin, explique Nathalie Ollat, de l’UMR Écophysiologie et génomique fonctionnelle de la vigne à Bordeaux, et co-porteur du projet. LACCAVE est une initiative des chercheurs pour répondre aux questions des professionnels. » Agronomes, généticiens, phytopathologistes, économistes, œnologues… une douzaine de disciplines sont réunies. Au total, ce sont plus de 100 chercheurs, vingt et un laboratoires et sept départements mobilisés. Pour un objectif clair : s’approprier les connaissances et partager la notion d’adaptation entre toutes ces disciplines. « En quatre ans, nous avons proposé et encadré sept thèses, organisé quatre séminaires et réalisé une demi-douzaine d’événements de vulgarisation scientifique au Salon de l’Agriculture, à la COP 21, avec les médias… », illustre Jean-Marc Touzard, de l’UMR Innovation à Montpellier et co-porteur du projet.

Reconstruire un projet de territoire

À l’échelle du cep, les équipes ont mis en évidence que la réduction de la transpiration nocturne de la vigne pourrait permettre de limiter la consommation en eau, ce qui va aider à choisir des cépages à faibles pertes hydriques. À l’échelle du territoire, l’étude de la variabilité locale des températures révèle qu‘un bon moyen de s’adapter est de revisiter le terroir, de relocaliser les vignes dans les espaces les plus appropriés et ceci d’abord au sein des zones viticoles déjà existantes. « Il faut reconstruire un projet de territoire », appuie Nathalie Ollat. Et du côté du consommateur : comment va-t-il réagir aux vins de demain ? « Les expérimentations montrent que les vins de 2050 pourraient plaire à la première dégustation, mais qu’une certaine lassitude risque de s’installer lors d’une consommation plus récurrente. C’est un élément à prendre en compte par les producteurs ou les cavistes, car cela aura des effets sur la fidélisation de leurs clients », livre Jean-Marc Touzard.

L’innovation pour demain

Pour compléter les outils d’anticipation, les équipes de LACCAVE ont réalisé une étude prospective sur le vignoble français, en partenariat avec l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) et l'Établissement national des produits de l'agriculture et de la mer (FranceAgriMer). Quatre scénarios ont été testés - conservateur, innovant, nomade et libéral - puis confrontés au débat avec les viticulteurs, via l’organisation de « forums prospectives » dans six régions viticoles. Jean-Marc Touzard en livre les principales conclusions : « Ces échanges ont notamment fait ressortir l’importance du foncier et des investissements financiers en jeu. Face à ces contraintes, les viticulteurs optent plutôt pour le scénario qui met en avant l’innovation comme garant de la pérennité de l’activité. La profession montre une certaine inquiétude quant à l’évolution des terroirs ou la perte de la tradition familiale. Mais les professionnels sont conscients de la force que représente une organisation collective à l’échelle de la filière vigne et vin, pour construire les réponses au changement climatique. »

Contacts scientifiques

  

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Nathalie Ollat

UMR EGFV, centre INRAE de Bordeaux-Aquitaine

Jean-Marc Touzard

UMR Innovation, centre INRAE de Montpellier                      

Voir aussi

  • Visiter le site LACCAVE
  • Barbeau G, Neethling E, Ollat N, Quenol H, Touzard J-M (2015) Adaptation au changement climatique en agronomie viticole. Agronomie - Environnement et Sociétés 5Ollat N,
  • Touzard J-M, Van Leeuwen C (2016) Climate Change Impacts and Adaptations: New Challenges for the Wine Industry. Journal of Wine Economics 11:139-149

Date de modification : 04 juillet 2023 | Date de création : 27 octobre 2021 | Rédaction : Com