Contexte et enjeux

La région Méditerranéenne est considérée comme un hot spot du changement climatique, avec une accélération récente qui génère des risques majeurs dans plusieurs secteurs clé, en particulier l’eau et l’alimentation. Le changement climatique inclue à la fois des tendances de long terme (augmentation des températures moyennes, diminution des ressources en eau), mais également des évènements météorologiques extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses, pluies torrentielles). Ces changements de basse et haute fréquence impactent déjà, de manière différenciée, les rendements et les systèmes de production agricoles.

Or, la construction pas à pas de nouveaux systèmes agricoles dépend des stratégies mises en place par les agriculteurs pour atténuer les effets de ces changements, s’y adapter ou se transformer pour y faire face. Les stratégies d’adaptation des exploitations vont différer selon leur exposition aux aléas climatiques, leur sensibilité à ces aléas et leurs capacités à agir. L’exposition rend compte de dimensions externes liées à l’évolution du climat ; la sensibilité et les capacités d’adaptation dépendent de caractéristiques à la fois internes (ressources propres, accès à l’eau, organisation du travail, diversification) des exploitations et de leurs interactions au sein de leur socio-écosystème. Ces différences peuvent s’interpréter comme des inégalités à la fois locales (ex. agriculture irriguée/pluviale) et régionales (ex. Nord/Sud Méditerranée) à considérer pour la mise en œuvre de politiques publiques en matière d’adaptation et d’atténuation.

Peu de travaux se sont intéressés à l’adaptation et la capacité d’adaptation des exploitations agricoles ET des territoires face aux chocs (notamment extrêmes climatiques) dans une perspective multi-niveaux. Cette perspective considère l’exploitation au sein d’un réseau d’acteurs du territoire permettant des complémentarités (ex. échanges de matières), mais possiblement aussi des concurrences sur les ressources (ex. eau disponible) mobilisables dans les stratégies d’adaptation. Comment ces interactions conditionnent-elles les ressources mobilisables et les stratégies d’adaptation ? Pour quelles performances techniques, économiques et organisationnelles ? Comment ces adaptations se situent-elles vis-à-vis des innovations conçues par la recherche ?

Objectifs

Le projet VIAMED-Clim implique des chercheurs en agronomie, géographie et économie. Il vise à étudier, sur deux terrains Méditerranéens (en Tunisie et en France), la vulnérabilité et la résilience des exploitations ancrées dans leur territoire. Il associe deux approches : l’une située pour (1) comprendre comment le changement climatique (et d’autres risques majeurs) affecte et est géré (adaptations) par les agriculteurs en mobilisant des ressources au sein de l’exploitation et du territoire et l’autre globale pour (2) resituer les adaptations mises en œuvre localement, dont la diversification, vis-à-vis de stratégies d’adaptations évaluées par des travaux scientifiques à l’échelle régionale et (3) évaluer, avec des critères quantitatifs et qualitatifs, leurs performances dans les deux types d’approches.

VIAMED-Clim cherchera à répondre à trois questions de recherche :

• Place du changement climatique dans la vulnérabilité des exploitations agricoles, dans une perspective multirisque ;
• Liens entre vulnérabilité, stratégies d’adaptation et ressources (internes à l’exploitation vs. liées à leur socioécosystème) ;
• Performances des stratégies selon les agriculteurs et comparaison/distance à celles testées par la recherche.

Unités INRAE impliquées

• INNOVATION – Montpellier
• Agronomie – Palaiseau
• TETIS – Montpellier

Partenaire extérieur : INAT - Tunisie