Urban Forest : la forêt urbaine, un test d'adaptation des arbres forestiers aux changements climatiques (UFO)

Contexte et enjeux

Face à rapidité et l’intensité du changement climatique actuel, les trois réponses possibles pour les espèces sont s’adapter, migrer ou mourir. Les arbres se caractérisent par des temps d’adaptation longs, et des vitesses de migration faibles (IPCC 2014), qui ne permettent pas de « suivre » le changement du climat. Ainsi, actuellement, on observe de nombreux phénomènes de mortalité dans les forêts du globe. En France, des mortalités massives ont été observées récemment suite aux années à fort déficit hydrique estival (2018-2020, DSF) et des dépérissements sont observés sur les chênes blancs (Quercus robur, Quercus petraea), espèces majeures de la forêt française, aussi bien en milieu forestier, rural ou urbain.

Les diversités spécifique et génétique sont des éléments clés de l’adaptation des forêts aux changement climatiques et la migration assistée a tôt été présentée comme une pratique de gestion permettant d’y parvenir. Ainsi, l’ONF met en place depuis 2017 des ilots d’avenir, essais comparatifs d’espèces et provenances visant à identifier des essences forestières du futur. D’un autre côté, la forêt urbaine se caractérise par une forte diversité spécifique (ex. 410 espèces sur Bordeaux, 230 sur Lyon, 707 sur Paris) dont les arbres, au stade adulte ou gaulis, forment un test grandeur nature d’adaptation au changement climatique. En effet, dans les zones urbaines, la température moyenne est déjà plus élevée dans les centres urbains que dans les zones rurales périphériques (+0.7°C en moyenne annuelle, IPCC 2021), atteignant ou dépassant localement déjà les projections de changement climatique annoncées pour la fin du XXI^ème siècle. Le régime hydrique y est simultanément fortement affecté par de forts niveaux de ruissellement liés à l’artificialisation des sols.

Objectifs

Dans une optique d’adaptation aux changements climatiques par diversification dans les systèmes arborés, l'objectif premier d'UFO est donc de caractériser les capacités de résistance au stress abiotique (hydrique, thermique) des arbres en zone urbaine, dans une approche associant écophysiologie de l’arbre et physique environnementale, afin de compléter et devancer les suivis en milieux forestiers.

D’autre part, la diversification des arbres employés sur nos territoires soulève des questions socio-écologiques imbriquées. D’une part, les acteurs territoriaux (urbains, ruraux ou forestiers, gestionnaires et chercheurs) portent des regards parfois opposés face aux pratiques de diversification liés à la migration assistée, en soulignant les avantages mais aussi les risques écologiques (invasions, pathologie, impacts sur les communautés etc.). Si les critères de choix face à la diversification des plantations varient fortement entre acteurs, la disponibilité à l’achat est cependant un critère souvent prépondérant qui impacte la biodiversité (inter et intra-spécifique) présente dans les plantations d’arbres. Aussi, bien que les critères écologiques soient mis en avant, la sélection des espèces dépend bien souvent de contingences régionales et de critères utilitaristes directs portés par divers groupes humains.

D’autre part, se pose aussi la question de l’acceptation d’espèces nouvelles aux allures et usages mal connus dans les paysages, et comprendre les perceptions de ces changements par les acteurs territoriaux est souligné comme un élément clé dans leur mise en œuvre. Aussi, notre second objectif est d’analyser la diversité arborée et les pratiques de diversification arborée, passées et actuelles, en zone urbaine et forestière, et d’évaluer l’acceptation par les différents acteurs des changements que pourraient apporter l’usage de la migration assistée.
Le projet UFO se décline en deux volets visant à évaluer :

1. la résistance au stress hydrique d’espèces-clé de la forêt urbaine comme test d’adaptation des arbres forestiers face aux changements climatiques et
2. les pratiques et les freins écologiques et sociologiques liés à la diversification des arbres utilisés en plantation.

Unités INRAE impliquées

• BIOGECO, Bordeaux
• BioForA, Orléans
• ETTIS, Bordeaux
• ISPA, Bordeaux

Partenaire extérieur : Bordeaux Métropole