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OBJECTIFS

Le changement climatique est un enjeu majeur pour le secteur de la vigne et du vin. Les premiers impacts observés ont poussé les scientifiques d'une vingtaine d'unités Inra, aujourd'hui INRAE, à lancer dès 2012 le projet interdisciplinaire LACCAVE (2012-2016) pour explorer des leviers d'adaptation. LACCAVE 2.21 a été lancé en octobre 2018 pour développer de nouvelles approches systémiques et participatives.
LACCAVE 2.21 cible le développement de stratégies d'adaptation au changement climatique en privilégiant les options systémiques, les méthodes participatives et les résultats opérationnels pour la filière vigne et vin en France. Les objectifs généraux sont :

• i) produire des connaissances scientifiques sur ces stratégies et les mécanismes qu'elles mettent en jeu dans les agroécosystèmes, territoires et filières ;
• ii) animer et élargir le réseau scientifique et partenarial LACCAVE ;
• iii) fournir des connaissances opérationnelles et méthodologiques aux acteurs du secteur et contribuer aux débats publics.

Ces objectifs ont été précisés selon quatre axes. L'axe 1 vise à apporter une expertise sur 8 thèmes : gestion de l'eau, environnement biotique, sol, idéotypes variétaux, gestion des données, approches territoriales, vins de demain, chaînes de valeur. L'axe 2 se focalise sur les indicateurs écoclimatiques et les projections des impacts sur la vigne ; l'axe 3 regroupe des travaux de conception et d'analyse d'initiatives participatives à différentes échelles, du local au national ; l'axe 4 vise à développer un réseau international sur l'adaptation de la vigne et des vins, en particulier en Méditerranée.

Une grande diversité de résultats

La production de nouvelles connaissances scientifiques permise par LACCAVE2.21 concerne à la fois i) la conception, l'analyse et l'évaluation de stratégies d'adaptation à différentes échelles, et ii) des contributions à la compréhension systémique de conditions de l'adaptation, qu'elles soient géographiques, génétiques, agronomiques, œnologiques ou socio-économiques. Les résultats majeurs publiés concernent :

• i) le développement d'une démarche couplant modélisation et conception/évaluation d'options d'adaptation avec les viticulteurs à l'échelle d'un bassin versant méditerranéen (thèse d'Audrey Naulleau) ;
• ii) l'analyse de la construction d'une stratégie nationale d'adaptation de la filière, fondée sur des forums régionaux et une prospective, avec des enseignements génériques pour d'autres secteurs ;
• iii) l'identification de facteurs (organisations régionales, formation, engagement environnemental) expliquant les perceptions du changement climatique des viticulteurs et leurs actions d'adaptation ;
• iv) des approches intégrées (génétique, physiologie, agronomie...) sur les réponses de la vigne aux stress climatiques permettant de guider des stratégies de recherche, notamment sur les variétés ;
• v) la spatialisation d'indicateurs climatiques couplée à l'analyse ou la simulation d'impact sur les vignobles permettant d'orienter les décisions d'adaptation ;
• vi) des synthèses sur les enjeux, modalités et conditions de l'adaptation dans le cadre de congrès (OIV, FAO, IFSA, AIC...) ou de Groupes Régionaux d'Etude sur le CC (Nouvelle Aquitaine, Occitanie).

Le projet a contribué à l'élaboration et au calcul d'indicateurs éco-climatiques, à la mise au point de modèles (ex. modèle de rendement intégrant la réponse à l'état hydrique), à la production de bases de données de simulation climatique ou phénologiques, aux plateformes OpenAléa et vineas.net… LACCAVE2.21 fournit aussi des résultats dans le domaine de la formation.

Des perspectives pour la recherche et pour les acteurs de la filière vigne et vin

Le projet LACCAVE2.21 fournit deux niveaux de recommandations, construites collectivement :

• pour les acteurs professionnels et politiques : le projet alerte sur l’intensification des impacts sur les vignobles et souligne les options d’adaptation à combiner à différentes échelles. Il attire l’attention sur la conservation et l’amélioration des sols, le renouvellement du matériel végétal, une approche systémique de la gestion de l’eau ne passant pas forcément par l’irrigation, une nouvelle ingénierie des terroirs, l’adaptation de la vinification, la prise en compte des consommateurs, la gestion globale des risques climatiques et la contribution indispensable à l’atténuation.
• pour les scientifiques et instances de pilotage de la recherche : l’analyse du projet montre comment l’enjeu climatique amène des chercheurs à s’engager dans un nouveau régime de construction de connaissances qui intègre complexité et interdisciplinarité, et devient participatif et médiatique. Les facteurs qui ont joué positivement sont sa durée, l’interdisciplinarité, le contexte d’un secteur impacté et organisé, mais aussi l’accompagnement d’INRAE (ACCAF) et les choix collectifs de ses chercheurs.